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Dors ton sommeil de brute

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« Un long hurlement, celui d’une foule d’enfants, secoue la planète. Dans les villes, le Cri passe à travers les murs, se faufile dans les canalisations, jaillit sous les planchers, court dans les couloirs des tours où les familles dorment les unes au-dessus des autres, le Cri se répand dans les rues. »

Un rêve collectif court à la vitesse de la rotation terrestre. Il touche tous les enfants du monde à mesure que la nuit avance.
Les nuits de la planète seront désormais marquées par l’apparition de désordres nouveaux, comme si les esprits de la nature tentaient de communiquer avec l’humanité à travers les songes des enfants.
Eva a fui son mari et s’est coupée du monde. Dans l’espace sauvage où elle s’est réfugiée avec sa fille Lucie, elle est déterminée à se battre contre ce qui menace son enfant durant son sommeil sur une Terre qui semble basculer.
Comment lutter contre la nuit et les cauchemars d’une fillette ?

400 pages, Paperback

Published August 15, 2024

13 people are currently reading
311 people want to read

About the author

Carole Martinez

35 books78 followers
Ancienne comédienne, Carole Martinez se recycle dans l'enseignement et devient professeur de français dans un collège d'Issy-les-Moulineaux. Elle profite d'un congé parental en 2005 pour se lancer dans l'écriture. Elle désire écrire 'quelque chose qui soit entre le conte et le roman.' Puisant dans les légendes de sa tradition familiale espagnole, elle brode 'Le coeur cousu' à partir des histoires que sa grand-mère lui racontait. Ce premier roman est un succès et Carole Martinez reçoit le prix Renaudot des lycéens en 2007, le prix Ouest-France Étonnants Voyageurs 2007 (jury de jeunes lecteurs), Prix Ulysse de la première oeuvre 2007. Au début de l'année 2011, elle publie un roman policier pour la jeunesse, 'L' Oeil du témoin', après un premier essai publié à la fin des années 90, 'Le Cri du livre'. Lors de la rentrée littéraire en septembre de la même année, 'Du domaine des murmures' vient combler l'attente de ses lecteurs adultes. Un roman pour lequel elle reçoit le Goncourt des lycéens deux mois plus tard.

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Community Reviews

5 stars
90 (28%)
4 stars
121 (38%)
3 stars
75 (23%)
2 stars
25 (7%)
1 star
6 (1%)
Displaying 1 - 30 of 68 reviews
Profile Image for Frey.
932 reviews56 followers
August 28, 2024
J’ai aimé, été intriguée par le début, il y avait un rythme, des idées, des envies qui étaient plutôt claires (même si tout restait à découvrir). Puis ça ralentit, ralentit, ralentit, pour finir par devenir lassant ; je comprends l’envie de nature writing, vouloir mettre en avant le côté assez ésotérique de la Terre qui reprend possession d’elle-même sous une forme de certaine violence. Mais je ne comprends pas l’intérêt de faire intervenir des autochtones d'Amérique, l’intérêt des plaies d’Égypte, le côté très métaphorique de la maltraitance familiale qui prend une forme démesurée. Ou si je le comprends, dans un sens purement écrit, je n’ai vu aucun intérêt dans l’écriture. Les autochtones ne sont pas des chamans magiques qui peuvent débarquer par avion parce qu’il y a eu à l’autre bout du monde une petite fille qui rêvait trop fort. Le côté onirique, qui donne l’impression que tout était au final un rêve est lassant et, je trouve, très mal amené.

Là où le livre avait beaucoup de promesses dans ses idées ; l’isolement face à un père violent, une « maladie » commune à tous les enfants, la place du rêve, le lien maternel, une relation douloureuse entre des êtres… j’ai eu l’impression de lire 100 introductions à des histoires qui n’ont pas de fin, pas de début et pas d’intérêt. Je n’aime pas le mélange de genres, et Martinez a l’air d’adorer ça, d’aimer également prendre ses personnages et de les différencier par des différences de point de vue et d’écriture. C’est peut-être plus facile pour elle d’écrire ainsi, mais je n’ai pas senti que ça donnait plus de profondeur aux personnages, qui sont pour la plupart à peine esquissés, tellement peu, qu’ils n’ont même pas été suffisamment intrigants. Ni dans leurs misères, ni dans leurs qualités, ni dans leur côté très humain, je n’ai ressenti d’affect ou d’envie de comprendre.

Alors, l’auteur écrit bien, c’est un fait, mais elle n’a pas réussi à m’emmener quelque part. J’ai eu l’impression d’un manque de maîtrise dans les différents styles, le conte philosophique écologique faisait réchauffé, l’analyse humaine et sociologique trop rapide, le côté onirique en bordure et les références inutiles. En soi, le livre en lui-même n’est pas mauvais, mais je pense qu’il y avait beaucoup d’ambitions et d’attentes qui n’ont pas réussi à me convaincre.
Profile Image for Delphine.
267 reviews23 followers
October 29, 2024
3,5

Bon. Encore un livre où j'ai un peu envie de prendre l'autrice par les épaules et de la secouer comme un prunier.

[Cette critique spoile la fin du livre.]

J'ai aimé l'histoire dans l'ensemble et le style aussi même si parfois sa poésie flirtait un peu avec la nunucherie. C'est une ligne de crête parfois difficile à suivre sans trébucher. Certains passages étaient vraiment bien (l'histoire des avions était fun et plutôt inattendue de la part de cette autrice, qu'on attend plutôt sur le côté New Age -- qu'elle nous donne à 200% -- que sur un truc qu'on pourrait voir dans un film d'action). Il y a aussi des trucs où l'autrice a franchement rater le coche (pas de débats stériles à la radio ? De philosophes médiatiques idiots ? De pédo-psychanalystes ridicules ? Ça manquait un peu de satire des médias), mais dans l'ensemble, son histoire, aussi rocambolesque soit-elle, se tient plutôt bien.

Mais.

J'ai DÉTESTÉ ses personnages :
- le bon gros géant qui est le seul héros du livre (on reparlera du perso féminin). On est censé l'apprécier. On est censé se sentir touché par sa fragilité, son trauma. C'est un personnage de "gentil". C'est dommage parce que j'ai passé tout le roman à hurler aux personnages féminins "mais barrez-vous, il est dangereux, bordel !". Le personnage, dès sa première apparition se comporte comme... un voyeur. Un stalker. En 5 minutes il passe du type qui aime se balader la nuit dans campagne inhabitée, parce que c'est beau un marais camargais la nuit, à un type obsédé par l'idée d'aller (de nuit donc) observer sans être vu sa nouvelle voisine (Eva) et sa gamine, à travers les fenêtres sans volets de leur maison de vacances. J'insiste, il n'y a qu'une seule autre maison à des kilomètres à la ronde, donc il s'auto-persuade qu'il la "protège", alors que non, mec, tu as le comportement d'un pervers qui prépare un viol et dans les marais désertiques, personne ne vous entend hurler. Mais être un voyeur, c'était pas suffisant, c'est aussi un mec toxique : il découvre grâce à sa radio que ce que vivent Eva et sa gamine est un phénomène mondial. C'est grave, important, une information vitale. Va-t-il la prévenir parce qu'elle n'a, elle, ni télé, ni radio, ni internet, ni réseau ? Mais surtout pas. Pourquoi la troubler (pauvre petite chose) et puis surtout, si il ne la prévient pas, elles restent un peu (beaucoup) dépendantes de lui. C'est littéralement une conversation qu'il a avec lui-même.

Alors, l'idée, c'est pas d'avoir des personnages lisses et sans zones d'ombre. C'est juste que Carol Martinez n'a absolument pas l'air de se rendre compte qu'elle a conçu là des traits de caractère toxiques et pervers. Son géant se fait un peu sermonner par Eva sur le voyeurisme, mais c'est écrit de manière à montrer que c'est elle le problème, elle est parano parce qu'elle fuit un mari violent, c'est pas lui qui est vraiment flippant. Et pour le fait de lui cacher des infos vitales, bah, il est juste un taiseux, rien de mal. De bout en bout, Martinez nous décrit son héros comme un homme doux, attachant, gentil, traumatisé par un drame, mais fondamentalement un héros parfait. C'EST. UN. PUTAIN. DE. CREEP. Carol.

- son autre personnage principal (officiellement), c'est Eva. On va poser tout de suite le problème. Eva est un gros red flag misogyne. Ça m'a choquée, parce que j'ai lu presque tous les autres livres de Martinez, et elle n'est pas misogyne. J'ai pas compris ce qui s'est passé là.
Peut-être connaissez-vous le test Bechdel pour déterminer si un film est misogyne ou pas. Il met déjà la barre très bas et la plupart des fictions ciné ne le passent pas. Je vais vous faire découvrir un concept encore plus radical : le test de la Lampe Sexy (créé par Kelly Sue DeConnick). Est-ce que vous pouvez remplacer le personne principal féminin par une lampe, généralement sexy, sans que l'intrigue en soit modifiée ?
Oui.
Eva est une lampe, et une lampe super sexy vue qu'elle est le fantasme perdu et celui réalisé de non pas un, mais deux hommes (son mari et son nouvel amant).
Avant que le récit commence, Eva est une femme malmenée par la vie et passive (elle a eu un père violent, puis un mari possessif avec elle et violent avec leur fille, elle a accepté de faire un enfant pour faire plaisir à ce mari alors qu'elle ne voulait pas d'enfants) mais qui a trouvé son agentivité (elle est médecin spécialiste d'un sujet pointu, et elle a décidé de quitter son mari pour se protéger elle, et surtout sa fille).
Mais dès que le roman commence, elle redevient un personnage passif qui se laisse porter par ce qui se passe. Elle n'agit jamais, elle a besoin d'être protégée, sauvée en permanence. À un moment de l'histoire, Serge le géant propose -- ou plutôt décide unilatéralement -- qu'il faut qu'elles viennent vivre chez lui, pour se "protéger" du Phénomène. Eva n'a pas son mot à dire et d'ailleurs elle ne dit rien. C'est une lampe, Serge la veut chez lui, alors il l'a prend et l'emporte. Et après il la baise.
Elle ne fait jamais avancer l'histoire et ne propose jamais rien. Dès le début, on sait qu'elle est spécialiste du sommeil et des rêves, la seule logique du récit devrait être de la voir étudier le Phénomène, comprendre de quoi il retourne et utiliser sa science pour le régler. Bonne blague. Elle n'étudie rien, quand elle prend l'initiative de s'y intéresser, c'est uniquement pour demander à ses collègues de son labo ce qu'ils en pensent, pour appeler son putain de mari violent pour lui demander d'élaborer des théories brillantes sur le sujet (WTF ????), et puis pour servir d'encyclopédie médicale des rêves pour Serge qui devine la solution du Phénomène par la seule magie de Ta Gueule C'est Le Héros. Quand il s'agit de régler le problème, non, elle ne peut toujours pas le faire toute seule (alors que le récit établit pourtant qu'elle a les moyens de le faire), il lui faut l'aide d'une chamane.
Et pour finir pour la récompenser d'être un bon gros tas de clichés misogynes, elle se fait assassiner à la fin. Fridge your women !

(Je ne vais pas m'attarder sur la chamane amérindienne, mais il y en aurait des choses à dire sur ce cliché éculé et... hum... bref..., consistant à avoir des auteurs et scénaristes blancs qui utilisent les amérindiens comme des oripeaux mystiques. C'est pas comme si Martinez se vantait d'avoir eu une grand-mère sorcière espagnole. Elle pouvait inventer une mamie londonienne chamane, ça marchait tout aussi bien, voire mieux.)

Très honnêtement, je ne sais pas si je recommanderais le livre. S'il ne s'agissait que de l'histoire, franchement oui, allez-y. Mais l'idée d'aider à faire de la pub pour un livre avec des angles aussi misogynes me met très mal à l'aise.
Profile Image for Karine Mon coin lecture.
1,682 reviews283 followers
September 24, 2024
4,5 - J'aime toujours la plume et le côté onirique des romans de Carole Martinez. Cette fois-ci, c'est intrigant à souhaits, ça fait peur aussi et j'ai été emportée. J'ai eu peur que l'autrice en profite pour faire passer tous ses messages écologiques les uns après les autres... mais finalement, ça passe! J'ai beaucoup aimé.
Profile Image for eirignis.
212 reviews7 followers
December 1, 2024
Les 100 premières pages j’ai été trop perturbée, j’ai tatoué sur ma peau une inspiration du poème de Baudelaire « les bienfaits de la lune » et là j’avais l’impression de lire ce poème en roman, c’était assez merveilleux.
De manière générale le livre est trop interessant, j’aime beaucoup comment l’autrice a amené une réflexion sur la destruction de la terre par les hommes, leur mode de vie par les rêves des enfants. C’est difficile de résumer les problématiques tant elle en aborde.
Cette mère et sa fille qui sont tellement fusionnelles, cet amour si précieux, rare et pure, que le père en vient à détester sa fille de lui voler sa femme.

J’arrive pas à résumer ce livre, donc lisez le.
Profile Image for Lucas.
111 reviews3 followers
August 22, 2024
"Résigne-toi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute." - Charles Baudelaire

Un matin, Eve quitte Paris, emportant sa fille Lucie pour l'éloigner d'un mari violent. Réfugiées dans la campagne camarguaise, elles découvrent toute une nature encore sauvage et un voisin marqué par son terrible passé : Serge. Cependant, une nuit, Lucie pousse un hurlement strident qui durera cent douze secondes et qui sera suivi par celui de l'ensemble des autres enfants peuplant notre planète. Si les rêves arrivent à changer la réalité, que peut-il arriver ? Et jusqu'où les rêves iront-ils ?

Carole Martinez nous livre ici un texte puissant et d'une rare beauté. C'est à la fois tellement étrange et pourtant si réel. 400 pages qui se lisent facilement tant j'ai été happé, et après lesquelles je ne suis pas ressorti indemne. Un livre définitivement marquant par sa singularité, ce qui lui fera peut-être défaut, mais je ferai tout ce qui est possible pour défendre ce texte afin qu'il trouve son lectorat. <3
Profile Image for Candies.
278 reviews25 followers
August 18, 2024
2,5 étoiles mais j'arrondis à 3 parce que c'est pas mon genre de lecture de base donc je partais déjà avec un a priori...

Triggering/10 par contre, entre l'accouchement, les abus envers les enfants et les gens chelous, sauvez-moi.

J'ai aimé ce qui était proposé. Des enfants dont les rêves impactent la réalité, une mère et sa fille coupées du monde, une neurologue, du nature writing, je voulais vraiment y croire...

Au final je me suis retrouvée avec des personnages relativement plats qui n'ont pas réussi à m'émouvoir, une trame principale intrigante qui n'a trouvé qu'une explication bancale, et plein de questions laissées sans réponse.

Je suis pas contre la moralité du style « bouh humains méchants et la nature veut reprendre ses droits mais en fait y a des humains pas méchants donc c'est bon », après faut-il savoir l'amener et le faire avec originalité, parce qu'on est quand même malheureusement sur du réchauffé.

Aussi est-ce qu'on peut parler des quinze styles narratifs utilisés dans ce livre ? J'aime bien les auteurs qui s'essaient à de nouvelles plumes et usent d'effets de style mais là c'était trop !!

Bref, grosse déception pour moi, même si je reconnais que globalement ce n'est pas un mauvais livre et qu'il saura toucher un grand nombre de personnes. Je ne suis pas déçue de l'avoir lu, mais voilà.
Profile Image for Charlotte.
143 reviews7 followers
February 24, 2025
Absolument MAGNIFIQUE !!!!!!!!!!!!!!! Quelle écriture sublime et douce, je frissonne !!!
1,278 reviews52 followers
February 4, 2025


Carole MARTINEZ n’est pas une de mes auteure préférée, ayant été déçue par Le coeur cousu (oui, vous pouvez râler, j’en attendais trop et je n’avais pas réussi à entrer dans son univers).

Lors de mon dernier passage dans ma Librairie préférée, ma libraire m’a mis l’eau à la bouche et j’ai tenté cette lecture. Bien m’en a pris.

J’ai aimé cette petit fille, sa communion avec la nature, ses promenades dans les marais de Camargue.

J’ai eu de la peine pour sa mère, Eva, obligée de fuir un mari violent.

Et j’ai aimé suivre les pensées de ce mari auto-centré qui pense que sa fille agit contre lui.

J’ai aimé le géant, leur voisin, un homme solitaire qui vit retiré du monde et qui a préservé les chambres de ses enfants. J’ai eu de la peine pour lui et sa douleur.

J’ai aimé que, à l’instar du Roi des Aulnes de Tournier, il sauve Lucie des eaux lors de la nuit du premier rêve.

J’ai aimé que cet homme sache caresser et qu’il fasse découvrir ce plaisir à Eva.

Bien sûr, j’ai détesté Président George qui appelle à la haine sur sa radio.

J’ai aimé les oies qui parsèment le récit : celle blessée du début, les oisons qui suivent Lucie une fois sortis de leur coquille, l’envol final.

J’ai aimé l’humour dans certaines situations : le copilote prévient les agents de se mettre à l’abri : un enfant dort (p.284)

J’ai aimé le pull bleu diamant tricoté par la mère de Serge le géant qui servira de fil d’Ariane des années plus tard. Une couleur bleue omniprésente.

Une lecture qui m’a emporté à la lisière du rêve.

L’image que je retiendrai :

Celle de la faune du Delta omniprésente et qui semble vivre en harmonie avec les personnages.

https://www.alexmotamots.fr/dors-ton-...
Profile Image for Nolwenn.
33 reviews1 follower
August 16, 2024
Eva est parisienne, scientifique, d'un milieu plutôt aisé, et vit avec Pierre, son compagnon. Lorsque que ce dernier décide de devenir père, Eve accepte, plus par esprit de conciliation que par véritable désir de maternité. Quand elle rencontre sa fille, toutefois, toute sa vie s'en retrouve bouleversée, et elle se voue toute entière à cette nouvelle vie qu'elle à fait naître.

Quelques années plus tard, Eva fuit son mari, n'emportant dans sa voiture que Lucie, sa fille, et quelques habits. Elle s'installe à la campagne, dans un lieu reculé, coupé du monde, sans contact avec le reste de l'humanité. Elle croise uniquement, de temps en temps, son voisin, un étrange géant, solitaire et taciturne. Mais un phénomène étrange la pousse à quitter son isolation : un rêve unit, chaque nuit, tous les enfants de la planète, recréant un lien oublié avec la Nature et les autres êtres vivants. Lucie, comme tous les autres, est touchée par ces rêves, qui affectent le comportement des enfants, des animaux, et des saisons.

J'ai du mal à trouver les mots pour retranscrire l'émotion que m'a procuré ce texte. D'une plume acérée et poétique, Carole Martinez raconte l'universalité de l'amour, d'une mère envers sa fille, et de ce qui devrait être l'universalité de l'amour de toute l'humanité pour la vie, la nature, et la paix, en faisant contraster cet amour avec la cruauté malheureusement trop banale des hommes.
Profile Image for Iza Brekilien.
1,503 reviews126 followers
December 4, 2024
400 pages que j'ai dévorées !
Un livre puissant servi par une belle écriture onirique, un récit original, poétique et dur... J'ai adoré ce livre mais j'ai du mal à lui rendre justice, j'aurais dû prendre des notes au fur et à mesure sauf que... j'étais plongée dans le récit et je ne voulais pas le lâcher, même pour aller chercher un carnet !
Je ne m'attendais pas à ça, mais là, il va falloir que je lise tout ce que Carole Martinez a écrit.
En plus, je l'ai déjà rencontrée à ma bibliothèque, elle est sympathique et ne fait pas de chichis.
Sérieusement, c'est un livre splendide, lisez-le ! Je l'ai emprunté à ma bibliothèque mais je l'achèterai pour le garder auprès de moi et pouvoir le relire un jour.
58 reviews1 follower
January 16, 2025
Sous le charme de cette écriture poétique, de cette histoire originale déroulée comme un conte, des personnages fragiles et forts à la fois et donc si attachants... Magie onirique, pouvoir des rêves, de la nature et de l'amour, une histoire sensuelle(s), une histoire qui nous interroge, humains, sur notre rapport à la nature et aux autres...
Profile Image for Camille.
571 reviews37 followers
August 30, 2024
Très bonne surprise !
Tour à tour roman de SF, roman sur la filiation et Nature Writing, c'est un bon roman de la rentrée.
Profile Image for La_kahena.
13 reviews11 followers
October 5, 2024
Magnifique plume servant une histoire totalement envoûtante, j'ai adoré !
Profile Image for Aude Bouquine Lagandre.
688 reviews202 followers
August 14, 2024
Terre nourricière, « Dors ton sommeil de brute », raconte-nous à travers nos rêves ta chair qui gronde, toi qui as été si souvent battue par les hommes en ton sein. Comment renouer des liens avec ceux qui te profanent, usent et abusent de tes bienfaits sans vergogne et à loisir ? Sur quelles ficelles tirer pour transmettre ta souffrance et susciter l’écoute nécessaire à ta renaissance ?

Nous sommes dans un futur proche, Eva, neurologue spécialiste du sommeil et sa fille Lucie ont fui. Elles vivent désormais dans une cabane au cœur des marais de Camargue. Eva ne souhaitait pas devenir mère. « L’intruse » qui a pris possession de son corps était le désir de Pierre, son mari, dont les volontés doivent toujours être satisfaites. Mais, lors de la naissance, une connexion inattendue relie à vie la mère et l’enfant. Dès le plus jeune âge, Eva a appris à Lucie à vivre pleinement ses rêves, à les décrypter, à les orienter. « Lucie avait sûrement été l’une des plus jeunes rêveuses lucides du monde. Grâce à son talent onirique, elle avait rapidement maîtrisé ses rêves (….). Elle était devenue mon maître à rêver. » C’est par ce biais que la terre, Mère nourricière, vient délivrer ses messages. Tous les enfants du monde font le même rêve qu’ils ne peuvent raconter. Tous créent un pont entre le songe et la réalité, si bien que leurs rêves ont des conséquences dans le monde réel.

« (…) la terre nous demande quelque chose à travers les rêves de nos enfants, nous devrions l’écouter et restaurer l’équilibre. »

Tout commence par un cri dans la nuit du 1er au 2 février, à 1 h 48 du matin qui « (…) se propage d’est en ouest à la vitesse de la rotation terrestre et touche la planète entière. ». Tous les enfants du monde crient durant cent douze secondes, comme si tous avaient fait le même cauchemar en même temps. Le cri s’est propagé sur toute la planète, puis s’est arrêté net. D’autres phénomènes suivront à mesure que les rêves ont lieu. « Un long hurlement, celui d’une foule d’enfants, secoue la planète. Dans les villes, le cri passe à travers les murs, se faufile dans les canalisations, jaillit sous les planchers, court dans les couloirs des tours où les familles dorment les unes au-dessus des autres, le cri se répand dans les rues. »

La petite Lucie est l’une des premières touchées. Sa position GPS marque le commencement des différentes vagues qui touchent « tous les enfants le temps d’une rotation terrestre ». Alors que sa mère et elle sont là pour fuir le monde, coupées de tout, leur voisin le plus proche, Serge, écoute les fracas qui agitent la planète à la radio. Il sait ce qui secoue la société, il absorbe les analyses de tous les spécialistes mondiaux. Mais comment répéter l’information à quelqu’un qui souhaite vivre retranchée ? Au cœur du récit de « Dors ton sommeil de brute », d’autres enfants du monde entier prennent parfois la parole : João, 12 ans au Brésil, Pierre, 11 ans à Haïti, Mia 11 ans à Lunel, Peter 10 ans à Londres, Kevin 8 ans à Houston, etc…

« Dors ton sommeil de brute » est un roman empreint d’imaginaire et de poésie qui aborde des thématiques universelles à travers une trame fantastique et onirique. En s’attardant sur les rêves des enfants, il révèle un message puissant que la Terre leur envoie, inscrivant le récit dans une dimension de conte écologique. De belles thématiques y sont développées par Carole Martinez, dont le lien profond qui existe entre la planète et les enfants. Dans leur sommeil, des millions d’enfants sont connectés à une conscience universelle qui leur transmet des rêves porteurs de sens : ils sont la voix de la Terre, une entité vivante et consciente qui cherche à communiquer avec ses habitants les plus innocents et les plus réceptifs. À travers ces rêves, la Terre envoie des avertissements et des messages, semblables à des prophéties sur les jours à venir. Cette idée de départ confère au texte une dimension quasi mystique : le sommeil n’est plus simplement une nécessité biologique, mais un moment sacré où le lien entre l’homme et la nature est rétabli, où la voix silencieuse de la Terre trouve un écho dans les subconscients juvéniles. Renforcée par l’idée que la nature souvent ignorée ou maltraitée, « Dors ton sommeil de brute » cherche désespérément à entrer en communication avec l’humanité, pour l’avertir ou l’éveiller.

L’écriture de Carole Martinez dans « Dors ton sommeil de brute » est intensément poétique, et c’est à travers ce prisme que les rêves des enfants prennent toute leur dimension. Les descriptions sont alors éthérées, comme si les contours du réel se dissolvaient dans le tissu du rêve, et contrastent avec le « nature writing » du présent. Cette écriture enveloppe le lecteur dans la beauté d’une atmosphère onirique qui vient balayer les affres du quotidien et les blessures difficiles à cicatriser…Les rêves deviennent ainsi des poèmes, des fragments de conscience collective que l’auteur nous invite à déchiffrer. La langue de Carole Martinez, riche en métaphores et en symboles, fertile en références touchant à tous les arts, transcende le roman pour toucher à l’universel. Les enfants, en rêvant, deviennent des poètes inconscients, traduisant les souffrances et les espoirs de la planète en images saisissantes, qui résonnent profondément avec le lecteur.

Le caractère fantastique du roman se manifeste pleinement dans la manière dont les rêves des enfants sont décrits. Ces rêves ne sont pas simplement des reflets de leurs expériences, mais des visions prophétiques, des messages cryptiques venus d’un autre monde. La nature y est personnifiée, dotée d’une conscience propre, capable d’influencer les rêves des enfants pour leur communiquer son désarroi ou ses espoirs. Cette intrusion du surnaturel dans le quotidien donne au récit un aspect chimérique, où les frontières entre la réalité et l’imaginaire sont constamment floutées. Le lecteur est transporté dans un monde où les rêves ont une existence tangible, où ils sont autant de ponts tendus entre l’enfance et la nature, entre l’homme et le monde qui l’entoure. « Dors ton sommeil de brute » devient alors une fable écologique puissante aux messages fondamentaux.

Le roman explore également le thème de la maternité, ses évidences et ses ambiguïtés, une dualité entre désir et répulsion, entre identité propre et unité imposée par la grossesse. Carole Martinez y dissèque aussi les relations humaines, et notamment les rapports vénéneux entre père et fille, à la fois sous le prisme de Lucie avec son père, mais aussi de Eva avec le sien, ce « Général au bataillon de mes terreurs ». La violence familiale, l’emprise, la peur, le passé et ses douleurs apportent le réalisme nécessaire pour ancrer le récit dans la réalité, loin des passages oniriques du rêve. Ainsi, les trois personnages principaux, Eva, Lucie et Serge sont trois âmes en peine, chacune cherchant à combler un vide laissé par des blessures passées. Leur rencontre est une convergence de destinées. Chacun d’eux apporte à l’autre quelque chose de nécessaire pour sa propre guérison. Leur interconnexion rend « Dors ton sommeil de brute » encore plus émouvant et pousse le lecteur à s’investir émotionnellement dans leurs différents parcours.

« Dors ton sommeil de brute » est un roman audacieux, ambitieux et sensoriel qui a suscité une vive émotion dans mon cœur de lectrice, emportée par cet univers à la fois onirique et réel qui en dit énormément sur notre époque. Le mélange des genres, le refus des carcans, la liberté totale que s’est offerte Carole Martinez dans la construction de son récit, dans la façon dont elle le raconte, a toute mon admiration. Elle n’hésite pas à utiliser du fantastique, du surnaturel et une pointe de mysticisme pour faire la part belle à l’imaginaire. Conte dystopique, fable écologique, parabole prophétique, poème onirique, réalité crue, « Dors ton sommeil de brute » est une réussite totale et le reflet de ce que j’attends désormais en littérature : une échappée hors des carcans, et une marge de manœuvre inconditionnelle. On ne m’empêchera pas de rêver…« L’écriture, cette caresse appuyée qui laisse sa trace, cette caresse qui inscrit des mots. »
Profile Image for Zeineb SmaOui.
558 reviews12 followers
November 11, 2024
Une fois de plus un coup de cœur pour l’écriture de cette romancière.
Il convient de souligner que le titre est emprunté au poème de Baudelaire «Le goût du néant» qui figure en première page du roman et donne une indication sur le ton du livre et les thèmes qui seront abordés. D’autres références suivront : Gérard de Nerval, Turner… Un conte dans lequel tous les enfants du monde vont être reliés par le rêve, un rêve qui les relie mais dont ils ne se souviennent plus au réveil. Un rêve qui les relie à la nature, et qui après le premier lien,
«le cri d’alerte » va les immerger dans ce qui ressemble fort aux dix plaies d’Egypte… les grenouilles, les moustiques…
Un message que la nature transmet aux adultes via les enfants endormis. Comme Eva a choisi la profession de neurologue avec pour spécialité le sommeil, ces événements qui se produisent pendant le sommeil de sa fille ne peuvent que la concerner..

Eva et sa petite fille de 8 ans, Lucie, fuient un homme violent et s’exilent en Camargue, dans un lieu isolé avec pour seul voisin, Serge, un « ogre » qui a lui aussi trouvé refuge dans le silence avec par seuls compagnons un vieux chien et une radio. Eva qui recherche la déconnexion totale avec le monde extérieur n’est même pas au courant que les altérations du sommeil de sa fille concernent les enfants du monde entier. La petite Lucie et Serge vont se rencontrer, ils vivent en profonde communion avec la nature et les animaux, avec les étendues sauvages de la Camargue. En plus de ce lien avec la nature, Lucie sera le trait d’union entre Serge et sa mère, qui tous les deux ont eu un passé difficile.

Le roman parle du sentiment maternel, des rapports parents-enfants, de la perte des êtres chers, de la solitude, des odeurs, des rêves et des cauchemars, de la peur de la nuit et du noir, de l’agriculture intensive, des exigences de la nature face à la destruction des espèces et des lieux, des croyances ancestrales, de poésie, de mots, de sons…

Et au final : A quoi servent les rêves ? Serait-ce possible qu’ils soient le lien entre les esprits de la nature et les êtres humains, au travers des enfants, des songes ?

Un livre magique, onirique, poétique, superbe… laissez-vous porter...
Profile Image for Jen.
242 reviews28 followers
August 19, 2024
(4,5/5) un peu déçue par la fin trop rapide et ouverte à mon goût (j'ai 1000 questions!!!) mais un roman tellement captivant, plein de poésie et d'onirisme, clairement un de mes coups de cœur de la rentrée!
Profile Image for Marie-Josée Racine.
10 reviews
February 1, 2025
3,5 - Un récit au cœur duquel tous les enfants du monde sont emportés dans des rêves communs dont les effets se transposent dans la réalité. La Terre-Mère exprime dans ces cauchemars sa rancœur contre l’humanité. Mais l’amour et la sensibilité d’une enfant peut tout changer.
Profile Image for Maya.
54 reviews
April 1, 2025
maybeee 2.5. moyenissime. however this has put me in a baudelaire mood.
Profile Image for Myriam Be.
59 reviews
April 9, 2025
J'ai bcp trop aimé, j'ai eu du mal à démarrer mais ensuite impossible de lâcher mon livre. L'histoire est bien écrite, les thèmes abordés sont très intéressants et avec divers points de vue.
2 reviews
October 13, 2024
Pourquoi lit-on des romans ? Pour s’évader, pour découvrir, pour réfléchir, pour se cultiver, pour rêver… Chacun ses raisons. Mais si un livre me fait faire tout cela à la fois, je ne peux pas m’empêcher de le recommander !

Vous allez suivre Eva et Lucie (tiens, tiens, les deux femmes à l’origine du monde) dans leurs tentatives de se réapproprier leur vie, leur relation, leurs rêves. Mais attention, c’est du Carole Martinez, donc ni lieux communs, ni monotonie, il va falloir accepter une touche de folie. En partant d’un rêve enfantin qui traverse le monde comme une trainée de poudre, l’écrivaine nous emmène sur le terrain glissant de tous ces grands sujets qui font du 21-ème siècle, le siècle du Moi absolu, une période si angoissante car dénominative d’un temps où nous avons perdu le contrôle sur tout, même sur l’impact de nos chimères sur la réalité.

Avec cette pépite on aborde les sujets variés de la violence (Eva et Lucie fuient un partenaire violent), la relation mère-fille (Eva doit accepter que sa fille grandit), la relation au monde naturelle (elle quitte Paris pour la Camargue), les questionnements climatiques et ce monde que l’on va laisser à nos enfants (oui le réchauffement climatique est aussi au centre du roman), l’impact du religieux sur nos vies hyper médiatisées et le corolaire qui est quelle place laisser au merveilleux (un mythe moderne du péché originelle), et comment reprendre le contrôle du temps, quand celui-ci nous est compté. Enfin, surement un sujet de prédilection pour moi, cette idée que bien que la femme soit maitresse de sa destinée et de celles qui l’entourent, elle choisit pourtant si souvent de se soumettre à l’Autre, quel qu’il soit.

Une écriture fluide, imagée et rythmée qui permet au réalisme magique (flirtant avec le surnaturel) de la plume de Carole Martinez de nous garder bien ancrées dans une histoire palpitante qui ne pourra pas vous laisser indifférentes.
Profile Image for Jo.
1,202 reviews212 followers
June 22, 2024
4,5/5 🌟

J’ai ADORÉ !

Un peu déçu par la fin mais je crois que j’aurais été frustré dans tous les cas étant donné que je voulais que le roman ne se termine jamais.

C’est très bien écrit, hyper prenant, mystérieux et envoûtant à souhait.

On se prend au jeu immédiatement et ce voyage onirique est spectaculaire ! ♥️
Profile Image for Nathalie Vanhauwaert.
1,034 reviews44 followers
December 26, 2024
C'est le cinquième roman de Carole Martinez, le titre "Dors ton sommeil de brute" est le titre d'un vers emprunté à Baudelaire - "Le goût du néant" dans "Les fleurs du mal". Il est bien question de sommeil, du sommeil paradoxal, celui des rêves explorés dans ce récit merveilleux.

Un cri retenti dans la nuit, à 1h48 très précisément, un cri celui d'un cauchemar, celui de Lucie mais aussi celui de tous les enfants de la terre, il devient le hurlement du monde et le rythme est la rotation de la terre. C'est le commencement d'une série de dix rêves qui vont bouleverser le monde entraînant des catastrophes d'une ampleur gigantesque. Des rêves éveillés provoquant des cataclysmes.

Eva est neurologue, spécialiste du sommeil et des rêves, elle est devenue mère plus pour faire plaisir à Pierre, elle ne le voulait pas mais lors de son accouchement, tout a changé et un lien très fort s'est tissé avec Lucie, sa fille qui devient son amour, son horizon.

On les retrouve 8 ans plus tard dans une petite maison dans un territoire sauvage, celui de la Camargue. Eva et Lucie ont fui la violence de Pierre, la violence du monde. Lucie est en véritable communion avec la nature, elle se sent bien ici dans les marais de Camargue mais comme les autres enfants, elle rêve, cauchemarde et des choses étranges arrivent.

Un géant roux, Serge, vit en ermite juste à côté, il n'a pas été épargné par la vie, il est meurtri, cabossé de l'intérieur, il va être sensible à la petite Lucie et son amour de la nature. Il écoute sa petite radio qui le relie au monde et comprend que les phénomènes qui arrivent à proximité de lui ne sont pas isolés, il les décode, visionnaire, sensible à la douleur du monde et de notre terre.

Carole Martinez nous emmène dans une dystopie, un monde onirique mais aussi dans un monde réaliste, un univers de conte, très poétique, avec l'envol des oies, le géant roux.

On retrouve une thématique chère à l'autrice, l'apprentissage de la vie, des femmes qui se veulent libres et héroïques, Eva et Lucie mais aussi notre planète qui veulent se libérer de toutes ces violences faites, l'amour maternel le plus fort, la notion de transmission.

L'écriture de Carole Martinez est superbe, fluide, poétique, elle touche au merveilleux. La lire c'est entrer dans une bulle intemporelle, loin du reste du monde et pourtant si proche, une histoire qui devient universelle.

Un coup de coeur, une plume unique et sublime.


Les jolies phrases

Est-ce que porter la vie me rapproche de la mort ?

Finalement, pour être heureux, en harmonie, il suffisait de s'abandonner à ce que l'instant proposait.

J'avais été son tout et j'avais aimé ça.

Seul un rêve peut défier la physique.

Elle m'a mise au monde en naissant. Elle était à la fois mes racines et ma canopée, la source et l'embouchure, elle était le mouvement de toutes les rivières qui me parcouraient, elle m'offrait la beauté et la joie de vivre. Elle m'avait multipliée.

Ce qui n'est pas dit n'existe pas !

Les secrets s'éventent toujours.

Je redécouvrais les choses de la vie à travers les yeux de ma fille. Le monde était plus vaste à hauteur d'enfant. Le moindre insecte devenait démesuré et, si on les observait assez longtemps, les cailloux eux-mêmes murmuraient une voix poétique, un chemin de Petit Poucet, que nous suivions ensemble sans nous soucier de l'endroit où il menait, ni du temps qui courait. Je me goinfrais de ces instants que m'offrait ma fille, je vibrais doublement, je m'étais multipliée depuis sa naissance.


Comme il fallait être en confiance pour s’abandonner ainsi à la nuit et accepter de perdre connaissance ! Tout pouvait arriver durant ce temps où, sans défense, nous laissions nos corps à quai et voguions ailleurs

Finalement, pour être heureux, en harmonie, il suffisait de s’abandonner à ce que l’instant proposait.


Comment se faisait-il que j'aie envie de m'éloigner d'elle, alors qu'elle était ma vie, ma tendresse, ma folie, alors qu'elle seule m'émouvait ?

Oh ! maman ! Si on pouvait faire ça avec sa vie ! Tirer sur le fil, tout défaire et recommencer. On ne peut pas reprendre le fil de sa vie pour s'en tricoter une autre.

Si l'on savait comment se défaire de nos tourments, s'il suffisait de tirer sur un fil et de tout rembobiner pour remettre le ciel en pelote.

Pourtant un jour, en vieillissant, je ne serais plus à la hauteur et je la décevrais. Je disparaîtrais de son coeur, elle ne volerait plus vers moi au matin, elle aurait d'autres amours qui, peu à peu, m'effaceraient, et elle m'en voudrait de ne plus arriver à m'aimer avec cette force de l'enfance. Elle m'en voudrait de la fin de l'amour éternel, de la fin de cette fusion qu'elle aurait elle-même exigée, elle m'en voudrait de vieillir, d'avoir mal dans mon corps de vieille dame, d'oublier les choses, nos souvenirs communs, d'oublier son prénom, de relâcher mes entrailles et de tout laisser partir, elle m'en voudrait de ne plus la reconnaître, de ne plus me reconnaître et de devoir partager ma fin de vie. Elle m'en voudrait que tout s'efface, que tout finisse, même l'amour. Cette odeur qu'elle avait sur le corps était le parfum du désamour et il me changeait en bête fauve.

https://nathavh49.blogspot.com/2024/1...
Profile Image for Diana Aristi.
6 reviews
March 17, 2025
Avec Dors ton sommeil de brute, Carole Martinez nous offre une œuvre profondément personnelle et émouvante, qui semble refléter à la fois un cheminement intérieur et une réflexion universelle. J'ai assisté à la présentation de son livre lors du festival « jardins d'hiver » aux Champs Libres et l'auteure nous a dit qu'elle avait écrit ce livre en s'inspirant du confinement et que le roman était imprégné de ses propres insomnies et de son exploration du sommeil, un sujet qui la fascine depuis longtemps.

La trame de l'histoire tourne autour d'Eva et de sa fille Lucie, qui fuient un mari violent pour se réfugier dans les terres sauvages de Camargue. Cet environnement isolé devient le cadre d'événements surnaturels : un cri collectif d'enfants du monde entier, des rêves partagés qui semblent être des messages de la Terre elle-même. Ces éléments oniriques s'entrecroisent avec une réalité féroce, créant une tension constante entre douceur et destruction.

Les personnages sont profondément humains et marqués par leurs blessures. Eva, Lucie et Serge (un géant reclus et gentil qu’elles rencontrent) sont autant de figures symboliques qui incarnent les luttes intérieures et les espoirs fragiles.

L'un des aspects que j'ai trouvé les plus fascinants et novateurs dans « Dors ton sommeil de brute » est la façon dont Carole Martinez joue avec le temps littéraire de chaque personnage. Cette technique narrative audacieuse crée une polyphonie temporelle qui reflète la complexité de l'expérience humaine et la nature pluridimensionnelle de l'histoire.

Ce n'est qu'à la fin que j'ai ressenti le vide de toutes les intrigues, je n'arrivais pas à m'expliquer comment elle aurait pu finir de régler toutes ces intrigues s'il ne restait que quelques pages à lire. En effet, l'auteur laisse beaucoup de place à l'imagination du lecteur. En refermant ce livre, on se sent changé, comme si l'on avait traversé un rêve collectif. Un véritable bijou littéraire, malgré une fin qui laisse un peu à désirer.
Profile Image for Esther.
Author 3 books49 followers
April 20, 2025
J’ai un peu de la peine à me former une opinion sur ce roman.
Il faut avouer que son côté suspens, bien qu’il m’a prise un moment donné (ça ne peut être autrement), n’est à priori pas le genre de lecture que je cherche.
Son côté fantastique m’a plutôt intriguée, mais également perturbée tout au long, j’avais vraiment un peu la peine à suivre l’imaginaire de Carole Martinez, bien qu’il soit extraordinaire, mais quand les enfants se transforment en insectes qui par la suite dévore les plantes (pour ne reprendre qu’un exemple, et pas le plus difficile à suivre), elle m’a un peu perdue.
Les personnages sont très difficiles à comprendre également. Quasi tout.e.s ont eu une enfance difficile, un trauma et de la violence dans leur histoire personnelle, qui influence encore leur comportement. On veut bien comprendre Pierre, mais il est tellement choquant depuis le début, que j’ai assez vite perdu tout espoir pour lui. Serge est introduit dans l’histoire avec un comportement qui laisse une image tellement horrible qu’il m’a pris toute l’histoire pour changer ma première impression. Eva est entre hyper protectrice de sa fille, un rôle qui devient assez vite secondaire par contre quand elle se met dans le rôle d’une professionnelle intelligente et ambitionnée qui même dans le chalet veut sa quiétude pour préparer son livre – choseS d’ailleurs qu’elle oublie complètement quand elle se jette dans cette nouvelle affaire.
Il y a des moments que j’ai vraiment appréciés. Ce lien de la peinture de Serge avec les rêves, le lien des rêves avec le mal que les humains font à la terre… surtout le rêve sur les vaches et la conséquence pour les enfants, qui ne veulent plus boire du lait, toutes les descriptions du paysage, des animaux, Lucie et les oisons (bien que l’idée de voler des œufs, bof, pas cool….).
Et un des énigmes qui reste à la fin de la lecture est le fait que « le sommeil de brute » ne se réfère pas au sommeil des enfants… Juste une chose de plus que je n’ai pas compris…
Profile Image for Variane.
86 reviews
January 22, 2025
J’ai été embarquée. On a là un roman qui se distingue par son écriture et son ambiance. L’autrice a une façon fascinante d’adapter son style en fonction des personnages et des points de vue, ce qui rend la lecture onirique et immersive. C’était captivant de découvrir une histoire à la fois malaisante et grandiose, où l’on se retrouve perdu·e dans des marais, entouré·e d’une atmosphère glauque et oppressante. Le ton oscillant entre thriller et ésotérisme a particulièrement retenu mon attention, notamment lorsqu’on nous décrit les enfants qui, poussés par une force mystérieuse, crient tous en même temps ou se lèvent pour aller s’immergent dans l’eau. Ces images étaient puissantes et marquantes.

Cependant, plusieurs éléments m’ont dérangée. Le personnage d’Eva, censée être une spécialiste du sommeil, reste étrangement passif et inutile tout au long du roman. J’espérais un rôle plus proactif, mais elle s’efface derrière d’autres figures comme le “bon gros géant”, un personnage problématique. Bien qu’il soit présenté comme bienveillant, ses actions — voyeurisme, manipulation, et dissimulation du phénomène mondial — rendent son comportement toxique et absolument pas excusable.

J’ai beaucoup aimé la chamane, un personnage riche et spirituel, qui apporte une vraie dimension ésotérique. Cependant, cela soulève tout de même la question de l’appropriation culturelle : fallait-il forcément passer par cette figure pour enrichir l’histoire ?

Enfin, l’aspect biblique du récit, avec des références aux plaies d’Égypte, m’a un peu déçue. J’aurais préféré que l’autrice développe un univers complètement original, sans ancrage religieux.

Malgré ces critiques, j’ai trouvé l’intrigue innovante et les idées fortes. Le mélange de thriller, de magie et de tension psychologique fonctionne globalement bien, et c’est un livre que je recommande à celles et ceux qui aiment les histoires à l’atmosphère dense et singulière.
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Profile Image for Amandine .
25 reviews
August 20, 2025
Après avoir été conquise par Le Cœur cousu, je m'attendais à être à nouveau convaincue par l'écriture de Carole Martinez... autant dire que mes attentes n'ont pas été satisfaites. J'ai eu tout le mal du monde à me laisser porter par le récit, cela a pris du temps, j'ai même failli abandonner la lecture, mais ma patience a tout de même, dans un sens, fini par être récompensée, le rythme s'accélérant et l'intrigue devenant de plus en plus prenante à la moitié du livre. Sauf que c'est long, d'atteindre 200 pages sur un livre qui en comporte 400 pour commencer à éprouver de l'intérêt.

Il y a un réel potentiel, mais les sujets se mélangent, se chevauchent, les luttes également, entre les violences faites au enfants et celles faites au femmes, le conte écologique et écologiste, le plongeon dans l'espace onirique, le sommeil...

Au final, je n'ai toujours pas compris qui était cette fameuse mère du rêve des enfants. Était-ce la Terre ? Pourquoi ces rêves ? Quel message essaie-t-on de nous délivrer si ce n'est la dénonciation du saccage de la planète par les hommes ? N'aurait-on pas pu approfondir davantage le sujet et ne pas s'arrêter à cette fin qui semble bâclée, laissant tant de questions en suspens, sans réel dénouement ? N'aurait-on pas pu creuser davantage le passé d'Eva et comprendre toute l'ampleur de la violence qu'elle a subie enfant ? Pourquoi Lucie est-elle le Porte-rêve ? Pourquoi ce lien avec les Dix plaies d'Egypte si ce n'est pour ne pas exploiter cette trame jusqu'au bout ? Tant de questions qui demeurent sans réponses... voilà que je sors de cette aventure bredouillle.
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Profile Image for Sophie Torris.
277 reviews4 followers
October 2, 2024
Un vrai plaisir de retrouver la plume poétique de l’auteure du Cœur cousu et un nouvel univers onirique. Eva, neurologue, spécialiste du sommeil et sa fille, Lucie, 8 ans, fuient Paris et un mari/père violent pour la Camargue où elles vivent dans une cabane isolée. Leur proche voisin est un géant roux, un peu ermite dont le passé est tragique. La petite Lucie est attirée par cet homme plein de mystère proche de la terre et des animaux qui intrigue et effraie tout à la fois sa mère. L’intrigue se noue autour d’un premier rêve collectif d’enfants qui poussent un cri dans leur sommeil, réveillant leurs parents. Ce cri dure 112 secondes par enfant et fait le tour du globe terrestre. S’en suivent d’autres rêves qui semblent initiés par Lucie et qui provoquent tour à tour des catastrophes écologiques de plus en plus dramatiques et qui font également le tour de la terre. Fable écologique intrigante qui prend des allures de conte spirituel. La répétition des cauchemars engendrant des catastrophes a fini par me lasser à la fin. Le fil narratif est confié à plusieurs personnages, c’est intéressant: Eva qui parle au Je, le gentil géant roux qui parle au tu, le mari violent qui parle au il. Eva et le géant s’unissent pour tenter de freiner l’apocalypse.
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