Un 14 septembre, un garçon insoupçonnable a violé Landra. Cabossée et déracinée, elle se cherche un ennemi à abattre. Le capitalisme, abstraction d'une oppression comparable au machisme qui l'a démolie à jamais, sera cet ennemi. Ballottée de squat en squat, elle rejoint Etoile Noire Express, un groupuscule d'extrême gauche en révolte absolue contre le système. ENE devient la famille, la survie et l'amour. Roman de l'indicible violence faite aux femmes, récit d'une survie par la colère, Une fièvre impossible à négocier est aussi et surtout une expression du superbe en littérature, quand la langue est absorbée par la grâce de l'écrivain, qui la restitue sous la forme d'une musique inédite et profonde.
Lola Lafon, née en 1973, est une chanteuse, femme de lettres et compositrice française.
D’origine franco-russo-polonaise, élevée à Sofia, Bucarest et Paris, Lola Lafon s’est d’abord consacrée à la danse avant de se tourner vers l’écriture. Après des publications dans des fanzines et des revues alternatives , elle a été répérée par des revues littéraires ( la N.R.V, entre autres, qui a publié ses premières nouvelles en 1998 et jusqu’en 2000.)
Chaque sortie de roman a été accompagnée d’un « concert lecture ». Après une commande du Festival « les Correspondances de Manosque » à la sortie de « De ça je me console », elle a, avec ses deux musiciens, effectué une tournée de plus de trente dates qui s’est terminée aux Bouffes du Nord. Pour la sortie de Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce , Lola Lafon a, à la demande du théâtre de l’Odéon, créé un concert-lecture inédit intitulé « La petite fille au bout du chemin », qui mêlait différents textes d’auteurs divers, tous autour de la figure de son héroïne et de ses comparses imaginaires et littéraires. Pour La Petite communiste qui ne souriait jamais , elle prévoit également une création (si ces concerts-lectures sont surtout donnés dans des théâtres et des festivals du livre, elle aime également à les délocaliser et à les proposer en version courte ou simplement à deux — elle-même plus un musicien— dans des librairies qui pourraient souhaiter les accueillir.)
C'est un livre qui m'a fait découvrir plein de références de la gauche / des mouvements antifas des années 90. Le collectif Ras L'front, le SCALP, le sous-commandant Marcos, l'anticapitalisme, le fait que les militants altermondialistes mouraient déjà en 2001 dans les manifestations contre le sommet du G8, etc etc Un monde où le FN, l'extrême droite et l'antisémitisme ne sont pas - encore - banal.
Aussi incroyable d'entendre parler de viols d'une façon systémique (par exemple le traitement judiciaire des violences sexuelles) en 2003.
Plein de choses très intéressantes, et j'aime toujours autant que les romans de Lola Lafon communiquent entre eux (ici ça m'a rappelé dans Quand tu écouteras cette chanson)
Une fièvre impossible à négocier se lit avec la fièvre. D'une traite.
La plume de Lola Lafon maltraite, met des mots sur les maux, ramène les vérités à la lumière, montre l'espoir et l'amour, rend légitimité à la colère à la rage, et donne envie de se lever.
Landra, la narratrice, raconte les combats du courant d'extrême-gauche dans lequel elle se réfugie et qui deviendra une seconde famille, mais elle raconte surtout son combat. Son combat face à l'horreur, au traumatisme. Comment se reconstruire et comment refaire confiance ? Comment évacuer la peur, la rage, la colère ?
En mettant le doigt sur des vérités dérangeantes, poignantes, Lola Lafon signe un roman puissant qui prend aux tripes, avec un style d'écriture particulier et percutant.
Avec ce roman, l'autrice nous contamine d'une fièvre qu'on ne peut que subir, et qu'on a du mal à calmer. Elle a raison : elle est impossible à négocier.
Pourquoi je ne l'ai pas eu entre les mains quand il est sorti la première fois ? Ça aurait changé tellement de choses. C'est génial, c'est brillant et ça se lit avec délice, c'est doux et fort, c'est un livre qui donne l'impression d'avoir une nouvelle bande d'amis. Donnez-le à lire à des grand.es ados, si vous le pouvez, et aux ancien.nes ados aussi !
« La vérité ; ne crève pas du tout les yeux. (…) Dans un film tu serais obligé de me descendre parce que je me souviens à vie et que je suis une bombe à retardement.
Un jour je t’exploserai la gueule.
J’ai été une gentille petite fille, obéissante longtemps je me suis tue. Je suis entraînée je n’ai plus peur de grand-chose. Je ne suis pas pressée. Quand on n’a pas de futur on a tout son temps. » L.L.
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Mon premier Lola Lafon! je l'ai lu sur les recommandations de Mirion Malle dans Clémence en colère. L'autofiction est mon genre préféré et les violences sexistes et sexuelles sont mon sujet du moment, je suis antifa, bref, je suis pas neutre mais j'ai vraiment beaucoup aimé et j'ai hâte de lire d'autres livres de cette autrice !
ps : la nuit après avoir fini ma lecture j'ai rêvé d'une immense vague de 10m de haut
Au départ j’avais vraiment peur de ne pas aimer, et j’ai eu un peu de mal avec le style très « déconstruit » à la Despentes. Mais finalement j’ai vraiment aimé, histoire vraie racontée en fiction inspirante.
vraiment génial, grosse claque!! lola lafon est vraiment une reine, envie d’aller casser des vitrines avec elle 🤙 « cette fièvre dont il ne faut peut-être pas guérir »
mon préféré de lola lafon (c’est son premier roman), que j’ai mis du temps à lire parce que dur mais très très très intense encore un livre qui montre à quel point l’intime et le politique sont liés
"Lola Lafon raconte dans son premier roman, Une Fièvre impossible à négocier, à mi-chemin entre le manifeste d'une génération, un manuel de guérilla urbaine et le mode d'emploi de la survie après un viol. Dans le roman, Lola-Landra est danseuse, a vécu en Roumanie jusqu'à l'âge de 14 ans, écrit des chansons à son retour en France et se fait violer par un employé d'une maison de disques. Landra, «qui ne veut pas mourir mais qui n'arrive plus à vivre», se rend à un rassemblement après avoir lu une affiche : «La résignation est un suicide quotidien».Là, ses nouveaux copains brisent une vitrine du géant américain Gap. S'ensuit une plongée dans les milieux autonomes. Un livre autobiographique qui flirte avec la fiction pour mieux digérer sa propre histoire..."
J’ai bien aimé les autres livres de Lola Lafon (la petite communiste, mercy Mary Patty) mais celui ci était vraiment dur à finir pour moi. C’est décousu, les personnages sont à peine esquissés et parfois n’ont carrément pas de nom, donc à titre personnel j’ai trouvé très compliqué de rentrer à fond dans cette histoire (même si certains passages sont très beaux).
Je savais que j'allais l'aimer parce qu'elle écrit toujours juste et que ces thèmes là c'est rare de les voir décrits avec honnêteté. En tout cas ça m'a fait du bien de lire ça, c'était reposant presque comme parler à une sœur. J'ai hâte de voir ce que je vais en garder.
J'avais lu "La petite communiste qui ne souriait jamais" il y a bientôt quatre ans, donc quand j'ai enfin eu ce livre entre mes mains, par pur hasard au salon du livre, j'avais assez hâte de pouvoir l'ouvrir et d'en absorber tous les mots. Pourtant il m'a fallut deux ans avant d'enfin le sortir de mes étagères un peu poussiéreuses, deux ans de vide littéraire pour que je me force enfin à prendre ce bouquin avec moi, partout où j'allais. Le livre est vraiment poignant. Le style de Lola Lafon est addictif, on ne s'en lasse pas. On s'attache au personnage de Landra, meurtrie, en colère, dont ses expériences sont extrêmement frappantes. C'était la première fois que je lisais des textes écrits du point de vue d'un personnage victime de viol aussi juste. Ces paroles sont toujours d'actualité, ce qui rend le tout encore plus troublant. Les violences sexistes, sexuelles, sont bien réelles mais pourtant les victimes sont étouffées par le choc, par la pression de l'agresseur, par la justice qui ne fait rien, ou alors pas assez. Ce livre m'a ouvert au monde du militantisme, monde que j'ai toujours observé de loin, moi, incapable de dire à voix haute ce que je pense, alors que les idées sont là, elles sont dans ma tête. Je suis capable de penser, je juge ce que je vois pourtant je ne milite pas. Mais il faut militer, il faut se faire entendre, il faut de battre. C'est plus important que tout. J'ai commencé à lire ce livre un peu avant d'avoir rencontré quelqu'un, ayant apporté beaucoup de lumière dans mon monde un peu sombre, qui pendant l'instant d'une soirée, m'a semblé comme sorti de cet univers. Cet univers que j'observais de loin, presque fictif à mes yeux. Je ne recommanderai jamais assez les oeuvres de Lola Lafon. "Une fièvre impossible à négocier" est à lire absolument. Bien que publié en 2003, il reste toujours d'actualité, et ne vieillira pas avant de nombreuses années.
Il faut que j'avoue que j'ai lu ce roman pour un cours de littérature et du coup, on a sauté quelques chapitres. C'est-à-dire qu'il est possible qu'il y ait des moments significatifs que j'ai manqués.
Vu que cette histoire a lieu dans les années 90, des décennies avant la naissance de #MeToo, je peux voir comment elle est "radicale" d'une certaine façon. J'apprécie que Lafon traite le sujet du viol et tente de montrer les effets des traumatismes personnels et politiques. Mais je crois que ce roman ne reste pas si puissant aujourd'hui, parce qu'il a trop des éléments "stylistiques" et "artistiques" qui sont franchement trop "heavy-handed" et diminuent la gravité de l'histoire. C'est une histoire avec trop des éléments répétitifs, mais pas dans une manière qui renforce et souligne le fardeau des expériences de Landra avec le viol. Un roman intéressant à lire, mais en fin de compte n'atteint pas son potentiel maximum.
"Maintenant, peut être qu'il est temps d'arrêter les débats. S'engager à saboter, doucement, ce sol en verre incassable qui est si froid et sur lequel on est tous assis quand même. Il va falloir tout démonter pour tout reconstruire"
2003, 20 ans avant #MeToo, et pourtant, Lola Lafon disait déjà tout. 2003, 1 an après le second tour de la présidentielle, Lola Lafon voyait déjà tout concernant le fascisme. Ce bouquin est une immense claque, bourrée d'intelligence et de fulgurance. Mêler l'intime et le vi*l avec la lutte politique fait de ce livre un grand livre. Largement autobiographique, j'ai rarement lu un livre aussi juste sur les VSS qu'elle contextualise dans un système, car le vi*l est systémique.
Evidemment, c'est empreint de la poésie de Lola Lafon et de sa langue si belle et violente. La fièvre est forte en refermant le livre, et elle fait du bien.
La fièvre en question est l’engagement, politique avant tout, à cette extrême gauche radicale, mais aussi amical. Par l’écriture sensible de Lola Lafon, la lecture oscille entre la voix d’une jeunesse révoltée, énervée, politisée, et celle qui raconte comment vivre après le traumatisme du viol. Comment guérir de la peur ? Comment colmater cette blessure invisible, qui n’a pas d’odeur, qui est imperceptible, et qui pourtant tue de l’intérieur ? Le récit reformule les mêmes pensées en boucle, les répète, les martelle, pour peut-être tenter de faire comprendre l’incompréhensible, l’inexplicable. Ce genre de livre est nécessaire, d’utilité publique. Brutal mais efficace.
C'est compliqué de résumer son avis sur ce livre. Certaines phrases résonnent tellement fort, sont tellement bien ecrites qu'elles nous frappent de plein fouet. On a l'impression de lire quelque chose de chaotique mais en même temps tout s'imbrique parfaitement, s'explique et rebondis dans la vie de Landra. C'est un chaos nécessaire pour expliquer ce qu'il nous arrive, ce qu'une fièvre impossible à négocier peut faire.
À utiliser contre tous les hommes tellement insoupçonnables.
« Comme une allégeance à la fin de la première partie de leur vie, ensemble elles m’ont dit : « Rien, Landra. On dira rien. On dira qu’on a des amis communs. » À ça, les hommes insoupçonnables ont acquiescé, satisfaits, d’un sourire. » P.197
Impossible de le lâcher. Chaque mot est si cru, si violent, si vrai. J’ai appris et compris beaucoup de choses grâce à cette lecture. Nous ne sommes pas seules.
magnifique livre ! la colère contre le monde, la justesse la tendresse la hargne de l'écriture de Lola Lafon tout est super et même 20 ans plus tard ce livre résonne !!
Beaucoup d'échos avec Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce : certains personnages, le parcours du personnage principal (visionnage intensif de , le climat politique général, les anarchistes... Dimension autobiographique ? Autofiction ? La structure était moins dense et moins littéraire que La petite communiste qui ne souriait jamais.