Dans ce recueil d'essais, Julia Serano, femme trans et activiste, analyse les différents mécanismes du privilège cissexuel, ainsi que le sexisme, la misogynie et la transphobie qui imprègnent les représentations des femmes trans dans les médias, les arts et l'université. Ses analyses offrent des perspectives nouvelles pour interpréter les problématiques vécues par les femmes trans en continuité avec les théories, les désaccords et les solidarités développées au sein du mouvement féministe, et donnent des clés pour construire un féminisme par, pour et avec toutes les femmes, quelles que soient leurs histoires et leurs parcours.
Julia Serano is an Oakland, California-based writer, spoken word performer, activist, and biologist. She is the author of several award-winning books, including Whipping Girl, Excluded, and her debut novel 99 Erics. Julia's forthcoming book – Sexed Up: How Society Sexualizes Us, and How We Can Fight Back – will be released by Seal Press in May, 2022. Julia’s other writings have appeared in over twenty anthologies, in news and media outlets such as The New York Times, TIME, The Guardian, Salon, The Daily Beast, and Ms., and have been used as teaching materials in college courses across North America.
Un livre théorique qui se lit très bien et arrive à développer une véritable nouvelle perspective, à rebours d'un certain sensationnalisme queer pseudo-révolutionnaire, centrée ici sur l'expérience trans féminine qui ne disqualifierait pas sa "féminitude" et sur l'invisibilisation de la transmisogynie et du cissexisme derrière le terme parfois vague de transphobie.
J'ai beaucoup apprécié sa mise en valeur d'autres autrices trans ou intersexes comme Namaste, Hillman (moins connue en plus et dont le livre Intersex, for a lack of better word est pourtant remarquable) ou Bornstein, qui avant elle, avaient commencé à pointer du doigt certains de ces enjeux. J'avais lu en "avant-première" il y a quelques années le chapitre "le privilège cissexuel", diffusé en brochure française. Mais les chapitres sur la critique culturelle ou universitaire ou encore celle des bien nommés cerbères de psychiatres sexistes, pour la violence sociale et symbolique infligée aux femmes trans sont eux aussi d'une puissante vérité.
C'est définitivement un ouvrage féministe majeur de ces dernières années - et pas seulement trans, qui traque les biais misogynes depuis les cliniques de genre normatives, jusqu'aux exploitations opportunistes à la fac ou dans nos séries TV, pour se conclure sur une note de sororité immense, un message d'amour et de respect d'elles-mêmes aux autres femmes trans.
Enfin, les limites de son analyse avec l'usage de la psychologie (la notion notamment de "sexe subconscient") et une critique superficielle du queer ne m'ont pas finalement trop gênées, malgré les avertissements de l'excellente introduction, puisqu'elle ne départit jamais son analyse d'une analyse matérielle de l'expérience de la transitude et de la transmisogynie.
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“Je suis sûre que certain.e.s lecteur.ices désapprouveront cet cet appel adressé aux artistes et aux universitaires pour qu’iels cessent de s’approprier les expériences et les identités intersexes et transsexuelles. Mais à l’heure actuelle, alors que presque aucune parole intersexe ou transsexuelle ne réussit à atteindre le public et sur les seuls qui y parviennent sont celleux qui entreprennent de parler à notre place, qui prétendent comprendre nos corps, nos problèmes ou nos identités, nous poussent inévitablement dans les marges. Peut-être qu’un jour, quand la plupart des gens seront familiers avec le travail des artistes et intellectuel.les transsexuel.les et intersexue.es, et quand l’œuvre que nous aurons produite sera si large et complète qu’aucune personne cissexuelle ou dyadique ne pourra plus couvrir ou noyer nos voix, alors d’autres artistes et intellectuel.les pourront aborder nos vécus et notre existence avec respect et sans nous exploiter. Mais d’ici là, les universitaires et les artistes dyadiques et cissexuel.les feraient mieux de poser leurs stylos, d’ouvrir leurs cerveaux et de simplement écouter ce que nous avons à dire sur nos propres vies.” (Page 164)
“L’idée que je pensais acquise (pré transition) selon laquelle le genre féminin et le genre masculins étaient des états immuables et stables m’est tout à coup apparue comme le produit d’une hallucination collective, entretenue uniquement par le fait que très peu de gens vivent l’expérience directe de transitionner - c’est à dire de voir que de si petites mutations dans le genre physique d’une personne peuvent amener à de si grandes différences dans la façon dont elle est perçue et traitée par les autres. Je n’ai subitement plus eu le sentiment de voyager d’un genre à l’autre. J’avais davantage le sentiment de flotter sur un petit canot pneumatique qui venait d’être libéré du port auquel j’avais été amarrée toute ma vie ; et maintenant, je me sentais ballottée dans l’océan des perceptions que les autres avaient de moi. Et si j’étais toujours sans le moindre doute à la recherche d’un endroit où je pourrais me sentir chez moi dans mon propre corps, je n’étais plus si sûre de ce à quoi pourrait ressembler cet endroit ni de comment j’allais l’appeler le jour où je finirai par y arriver.” (Page 169)
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Définitivement un livre à lire, entre autres pour les alié.e.s des personnes trans. Le tout est bien documenté avec de nombreuses sources et la traductrice a fait un excellent travail, surtout dans l'application de la rédaction épicène.
Il est certain que le livre original n'est pas si récent, ce qui fait en sorte que la présentation de la communauté lgbtqi+ n'est pas toujours la plus actuelle, mais cela restait tout de même dans le respect.
Je ne peux m'exprimer parfaitement sur le sujet comme je ne suis pas moi-même trans, mais je crois qu'il aurait pu être intéressant de mettre des exemples positifs. En effet, on présentait souvent de mauvaises représentations en culture des individus trans. J'aurais bien aimé voir, même si je me doute que c'est extrêmement rare, des exemples positifs de représentation. Mais je comprend que l'écriture était très personnelle et le rendu n'en était pas moins excellent.
Beaucoup d’idées très intéressantes auxquelles je n’avais jamais pensé avant. Il y a cependant pas mal de redites dans l’écriture qui empêche d’être concentré tout le long. À la fin de cette lecture, je reste toujours critique de l’idéologie… Est-ce que c’est vraiment viable pour une société de suivre davantage la réalité plutôt que le réel ?
Vraiment intéressant, même si ça donnait l’impression que l’autrice utilisait des grandes phrases et un vocabulaire trop recherché pour ce qu’elle voulait dire. Si certains termes sont un peu datés, les points que soulève Serano donnent à réfléchir.
Un livre difficile à lire puisqu’il montre la vérité dure d’être une femme trans. En plus, il souligne le mal qu’une personne cis bienveillante peut quand même faire aux personnes trans. Cependant, ça reste un livre très riche en conceptualisations et en réflexions.
Finalement c’était vraiment bien - un texte fondateur important. Pas d’accord avec tout ce que l’autrice avance, et il y a beaucoup à redire mais en vérité c’est bien et tjrs intéressant !
Une grande claque tout au long du livre. J'ai appris encore de nouvelles choses, et aussi une manière de lire et d'analyser ce qui entoure le genre. Je pense le relire une seconde fois pour bien m'imprégner de son discours. Toute personne devrait lire ce livre pour voir le vécu des personnes transgenres et comprendre les mécanismes d'un système qui font des personnes cisgenres la norme. Une norme que beaucoup de personnes ont dû mal à interroger.