Martin Page's Blog
June 15, 2022
nonbinaire
J’ai participé au recueil Them sur la nonbinarité organisé (et dessiné et illustré) par l’artiste Peggy Viallat. Les bénéfices de la vente sont versés à outrightinternational qui soutient les personnes LGBTQIA+ ukrainiennes.
May 17, 2022
Se taire
Depuis un moment, depuis plus d’un an, je refuse et j’essaye de refuser les sollicitations pour participer à des rencontres et débats, à des podcasts. C’est ma première réponse. Je propose d’autres noms, des femmes, des militantes. C’est un ressenti personnel en partie : on m’a beaucoup entendu, j’ai beaucoup parlé. J’avais l’impression de me répéter, et surtout d’être le mec de service, le contre-exemple et ça ne me semble pas juste, je ne suis pas meilleur, pas plus juste, j’ai encore beaucoup de travail (et d’ailleurs je ne m’identifie pas comme mec, mais c’est une autre histoire). Je ne voudrais pas avoir l’air de faire la leçon. Je suis heureux si j’ai pu apporter des choses, mais je crois qu’il faut que je laisse la place. Des femmes militent depuis tellement longtemps, des femmes racisées, handies, trans, et elles ont tellement à apporter. Moi je continue, mais de façon plus souterraine, dans mes livres, ailleurs.
Donc j’ai beaucoup dit non, en expliquant.
Ensuite si la personne qui veut m’inviter insiste je dis ok (je ne vais pas être le relou qui va expliquer à une meuf que ce n’est pas une bonne idée de m’inviter) tout en pointant mon point de vue limité.
C’est sans doute un truc que j’ai appris peu à peu ces dernières années : ne pas parler, me taire, ne pas donner mon avis. Je dois encore progresser. J’étais très enthousiaste au départ, parce que je voyais bien que mon livre cassait l’ambiance et à la fois était une ressource et un soulagement pour plein de personnes (des meufs évidemment, pour le coup les mecs n’ont quasi pas été là). Je n’ai jamais reçu autant d’emails, de messages sur insta et facebook et twitter. C’était incroyable et bouleversant. Donc j’ai pu beaucoup parler, trop, aussi car ce livre a été compliqué à publier et à republier. Maintenant : se taire. C’est pour ça qu’on a publié Lou, Pauline et Zig. Pour donner la parole.
November 27, 2021
24 putain de poèmes de Noël
Petit tirage, et disponible pour quelques jours seulement, mon recueil 24 putain de poèmes de Noël est disponible sur le site de Monstrograph. 10% des exemplaires sont gratuits pour les personnes fauchées. Joyeux Noël à toustes !
October 31, 2021
automne
October 1, 2021
Fidélité à la justesse
J’aimerai un droit d’artiste : pouvoir reprendre mes trucs anciens. Mes livres ce ne sont pas que des couleurs et des mélodies, ce sont aussi des idées, des représentations. Et putain je suis toujours en formation dans mon rapport aux autres, et en particulier aux autres qui subissent des choses dures et injustes. Alors je viens en partie de là, et je pense pendant longtemps j’étais surtout concentré sur mes propres douleurs et difficultés, j’étais dans la rage, la revanche, la lutte, et je pense que j’ai oublié des gens, des causes, j’ai loupé du monde et donc le monde. Je sais on ne peut pas être exhaustif et tout ça, mais l’idée c’est quand même de bouger de soi. J’ai un regard flou et partial sur mes oeuvres passées, en tout cas si j’étais sexiste, si j’ai collé des clichés, des idées pas terribles, qui peuvent être blessantes, j’aimerai les corriger un jour et si in jour je meurs je veux dire que je n’ai aucun problème avec l’idée qu’on corrige une de mes oeuvres. Si j’ai étais nul, insensible, caricatural, alors je m’en excuse. Par exemple, je pense que si je pouvais corriger mes romans, plus aucun personnage ne mangerait d’animaux. Autre exemple, je me demande si dans ma bd Le banc de touche il n’y a pas une planche sexiste et je n’aurais aucun problème à ce qu’on la supprime. Le passé d’un artiste, c’est aussi un truc qui doit être mouvant, vivant, touché, travaillé. Le passé c’est aussi de la matière nourrie par le présent. La fidélité c’est ce qu’on est maintenant qu’on a traversé la tempête et qu’on est pris dans une autre. La fidélité c’est d’abord la justesse et la justice, et le moi de 22 ou 30 ans serait d’accord avec ça. Pas de sacralisation autre que la sacralisation de l’évolution d’un artiste.
May 19, 2021
Putain de déprime
Je découvre un truc, en fait je n’arrête de découvrir un truc : si on n’est pas sûr de soi et de sa valeur, si on n’est pas un brin arrogant, alors dans ce business qu’est l’art et la création, on se fait marcher dessus. L’humilité ou le manque de confiance, c’est juste vu comme une putain de faiblesse dans laquelle on peut s’engouffrer. Je lis parfois des textes sur des artistes et on les critique en disant « Ils sont devenus arrogants et durs ». Mais ouais en fait, car plus ils viennent de bas, et plus ils ont du se battre et montrer les dents, sinon ils auraient abandonné, sinon ils seraient morts. Il y a une arrogance et une dureté qui est juste de la colère et d’anciennes souffrances. Derrière l’arrogance, il y a parfois bcp de douceur blessée qui est cachée. Que derrière l’arrogance, il y a un désespoir et une rage complexe. Je ne dis pas que c’est une règle hein. Mais des événements récents me dépriment. Et oh bon dieu, je ne travaillerai plus que par un agent maintenant. Il n’y a pas d’exception culturelle : c’est racisme, sexisme, validisme, classisme, arrangements, réseaux, amitiés intéressées, partout, valorisation des privilèges et de la force, du groupe et de l’origine. Le problème c’est le monde de l’art. C’est endogène. Ce sont des gens de putain de bonne compagnie de gauche et tout l’attirail, avec leur mépris, leur sarcasme et leur complicité avec toute cette merde. Alors on ferme sa gueule, parce que nous sommes des éternels perdants, nous n’avons pas le pouvoir, nous bougeons les choses, nous arrachons, mais notre précarité et notre fragilité nous forcent à fermer notre gueule et à bien la fermer. Caute, mthfckr. Parler c’est prendre des coups, c’est voir les portes se fermer. Se protéger c’est une éthique aussi. C’est une beauté. C’est du courage, la douceur à l’égard de soi-même, c’est un art martial même.
May 9, 2021
On peut écrire depuis le futur vers le passé ?
Ah ça mecxmeuf, je sais pas. J’essaye je crois cette magie-là. C’est un peu la déprime des jours-ci, le monde est dur, les relations humaines sont dures, grande fatigue et tristesse de trois mètres de haut, mais aussi rires et bouffe et puis je me suis rasé les cheveux et je veux apprendre à être beau et à bien m’habiller.
Mais well, pas là pour ça.
À propos de Au-delà de la pénétration. Il y a eu quatre ou cinq éditions Monstrograph, et deux éditions Le Nouvel Attila. À chaque fois c’est l’occasion de faire des corrections, d’ajouter ou de couper, de préciser. J’ai demandé à mon éditeur du Nouvel Attila d’ajouter un truc qui manque : un TW. Mais un ami militant handi me disait qu’il était contre. Donc je dois décider. Et je vais demander aussi de faire un ajout : quand je parle de femmes et de clitoris, j’aurais du écrire « femmes cis », au moins une fois, pour ne pas invisibiliser les femmes trans. Je vais demander une rectification pour la prochaine édition. J’avais discuté il y un ou deux ans avec des personnes qui connaissent mieux que moi tout ça et les avis avaient été contradictoires, je n’avais pas pris de décision et j’avais laissé « femmes ». En tant qu’auteur, on change, on apprend, on se corrige, on travaille encore sur soi, et si on peut éviter de blesser, alors c’est important de rectifier et de le dire. Ne pas blesser, oh, ça c’est la grâce je crois.
April 15, 2021
Purée la vie et wouhou la revue Déferlante
Beaucoup de choses ces derniers mois. Le succès de Au-delà de la pénétration, l’édition (avec Coline) et la sortie de Moi les hommes je les déteste, de la très douée Pauline Harmange. Et donc le scandale, nous éditeurices dépassés par les ventes, les droits vendus au Seuil et à mille éditeurs étrangers, la presse internationale, quelques insultes reçues. Et purée l’avalanche de boulot administratif et financier pour gérer ce succès, sachant que Coline et moi sommes bénévoles, ça nous a bien plombé, moins de travail pour nous, des tensions. Monstrograph, c’est une maison au départ pour des livres dont personne ne veut, d’abord nos propres livres dont personne ne veut (c’était le cas de Au-delà, et de Eloge des fins heureuse, de Coline, chef d’oeuvre mais que nous n’arrivons toujours pas à placer chez un éditeur pro -nous sommes juste un laboratoire). Parce que en fait ces livres dont personne ne veut, plein de gens les lisent et les désirent en fait, mais ceux qui ne les veulent pas ce sont les éditeurices installés, les journalistes, plein de gens en poste en fait. Mais le public est là. Mais là on est crevés, on a juste envie d’arrêter (on aurait aimé qu’une grosse maison d’édition nous propose de reprendre Monstrograph, on n’aurait plus à gérer le comptable et financier, le stock, les envois -car oui on envoie tout nous-même, on s’occuperait que de l’éditorial et on serait un peu payer pour ça. Mais jamais aucune maison ne nous laissera totale liberté pour faire ce qu’on veut, ne rêvons pas, on est trop incontrôlables. Ce qui n’empêche pas qu’on bossera peut être avec des maisons pros parfois.). On en a marre on veut juste bosser pour nous et écrire. C’est le piège que le monde nous tend : nous pourrions devenir éditeurices pro peut être. Mais alors adios nos créations. Donc non, on ne sera jamais éditeurices pro, mais toujours des expérimentateurs libres. Mais quand même on prépare le sortie de deux livres fabuleux pour Monstro. Ça vaut le coup, c’est tellement important de faire exister des livres qui vont contribuer à mettre le bordel et à changer les représentations. Mais après ça, on fera pause sans doute, un temps.
J’ai écrit un texte pour la revue La Déferlante, une nouvelle revue féministe, géniale. J’avais peur que ce soit bizarre pour moi de participer à cette revue parce que je ne suis pas une femme (sur ce que je suis c’est compliqué). J’ai proposé que ce soit une femme plutôt, j’ai parlé de mon malaise (dès que je suis invité quelque part pour parler de quelque chose lié à la lutte contre le patriarcat, je propose de me désister pour une femme). Mais les fondatrices ont dit que c’était ok que je sois dans la revue, donc voilà, et merci à elles :) J’ai écrit ce texte : Pourquoi je ne suis pas féministe, un texte à destination des hommes qui vont lire la revue, je n’ai rien à apprendre aux meufs, c’est une pierre à donner ou à balancer à des mecs. J’y raconte qu’un mec ça sera toujours décevant. Et je dis combien c’est important de se taire et bien sûr c’est paradoxal : je parle pour dire il faut se taire (mais pas se taire sur la critique concernant la critique de la domination masculine et de l’hétéronormativité : se taire quand des femmes parlent). Je suis bien conscient de ce presque paradoxe. Ce n’est pas mal l’inconfort. C’est ce qu’on peut souhaiter pour les hommes : qu’ils soient moins confortables. Et qu’ils agissent quand même peut être. Je ne dis rien de très original dans cet article. Je ne sais pas si je devrai le dire, mais ce truc de dire « Les hommes ne peuvent pas être féministes » est une idée ancienne et largement diffusée. Ce n’est pas de moi, alors je la passe à travers mon expérience et mes mots, et je l’agence à ma manière, mais beaucoup de gens vont dire en lisant mon texte « Bah oui, c’est des banalités ». Je l’ai écrit pour être clair, pour moi, et pour qu’un homme le dise aussi, et parle de son chemin. C’est plus un texte personnel qu’un texte original conceptuellement. C’est sans doute pour ça que les fondatrices de La Déferlante ont voulu le publier, malgré son peu d’originalité. J’ai essayé de citer des féministes qui m’ont inspirées et qui comptent dans ma réflexion et j’en ai oublié plein. Mon deuxième texte pour la Déferlante s’intitule Pourquoi je n’aime pas les femmes. J’espère qu’il est mieux, j’ai l’impression qu’il est plus original en tout cas. Un truc c’est que je voudrais pas être vu comme un spécialiste de questions sexuelles, de la lutte contre le patriarcat, car je profite de ce système, je ne veux pas profiter de la lutte (note : mais je suis sceptique sur cette idée que des mecs gagneraient argent et réputation en critiquant le patriarcat : on s’attire surtout du dédain et de la haine, les mecs qui s’en sortent bien ne sont pas ceux qui critiquent la domination masculine). Ce n’est pas ma lutte, je ne suis un spécialiste de rien, à part peut être de la contradiction. Là où je peux apporter des trucs c’est dans la critique de la masculinité, peut être, dans le cassage des genres. Mon sujet, là où je suis dans le combat c’est la lutte contre l’oppression, contre les oppressions, pas celle-ci en particulier. Ne surtout pas être vu et considéré comme un spécialiste ici, car ce sont des femmes qui ont tout pensé et pensent tout. Moi je passe juste, je donne un vague coup de main, je suis subalterne et c’est un peu mon but (comme dans le cadre de la lutte contre l’exploitation animale). Là où je suis à ma place (quoi que hein cette place qui est mienne est dans le déplacement et l’échappée et le saut) c’est dans mes fictions et mes poésies, là où c’est moi. Mais je ne sais pas en fait, tout ça est tellement compliqué. Je suis un peu perdu, et perdu à plein de niveaux. En tout cas, je lis, j’écris, je dessine, et c’est ma manière de donner la main et de participer à chavirer le monde.
Purée la vie et la revue Déferlante
Beaucoup de choses ces derniers mois. Le succès de Au-delà de la pénétration, l’édition (avec Coline) et la sortie de Moi les hommes je les déteste, de la très douée Pauline Harmange. Et donc le scandale, nous éditeurices dépassés par les ventes, les droits vendus au Seuil et à mille éditeurs étrangers, la presse internationale, quelques insultes reçues. Et purée l’avalanche de boulot administratif et financier pour gérer ce succès, sachant que Coline et moi sommes bénévoles, ça nous a bien plombé, moins de travail pour nous, des tensions. Monstrograph, c’est une maison au départ pour des livres dont personne ne veut, d’abord nos propres livres dont personne ne veut (c’était le cas de Au-delà, et de Eloge des fins heureuse, de Coline, chef d’oeuvre mais que nous n’arrivons toujours pas à placer chez un éditeur pro -nous sommes juste un laboratoire). Parce que en fait ces livres dont personne ne veut, plein de gens les lisent et les désirent en fait, mais ceux qui ne les veulent pas ce sont les éditeurices installés, les journalistes, plein de gens en poste en fait. Mais le public est là. Mais là on est crevés, on a juste envie d’arrêter (on aurait aimé qu’une grosse maison d’édition nous propose de reprendre Monstrograph, on n’aurait plus à gérer le comptable et financier, le stock, les envois -car oui on envoie tout nous-même, on s’occuperait que de l’éditorial et on serait un peu payer pour ça. Mais jamais aucune maison ne nous laissera totale liberté pour faire ce qu’on veut, ne rêvons pas, on est trop incontrôlables. Ce qui n’empêche pas qu’on bossera peut être avec des maisons pros parfois.). On en a marre on veut juste bosser pour nous et écrire. C’est le piège que le monde nous tend : nous pourrions devenir éditeurices pro peut être. Mais alors adios nos créations. Donc non, on ne sera jamais éditeurices pro, mais toujours des expérimentateurs libres. Mais quand même on prépare le sortie de deux livres fabuleux pour Monstro. Ça vaut le coup, c’est tellement important de faire exister des livres qui vont contribuer à mettre le bordel et à changer les représentations. Mais après ça, on fera pause sans doute, un temps.
J’ai écrit un texte pour la revue La Déferlante, une nouvelle revue féministe, géniale. Et j’avais peur que ce soit bizarre pour moi de participer à cette revue parce que je ne suis pas une femme (sur ce que je suis c’est compliqué). Mais les fondatrices m’ont rassuré et tout, et donc voilà, et merci à elles. J’ai écrit ce texte : Pourquoi je ne suis pas féministe, un texte à destination des hommes qui vont lire la revue, car je n’ai rien à apprendre aux meufs, c’est une pierre à donner ou à balancer à des mecs. J’y raconte qu’un mec ça sera toujours décevant. Et je dis combien c’est important de se taire et bien sûr c’est paradoxal : je parle pour dire il faut se taire. Je suis bien conscient de ce paradoxe, est c’est lié au fait qu’on m’a demandé d’écrire dans la revue et de ma gêne et en même temps de mon bonheur d’écrire dans cette revue. Cet inconfort. Ce n’est pas mal l’inconfort. C’est ce qu’on peut souhaiter pour les hommes : qu’ils soient moins confortables. Et qu’ils agissent quand même peut être. Je ne dis rien de très original dans cet article. Je ne sais pas si je devrai le dire, mais ce truc de dire « Les hommes ne peuvent pas être féministes » est une idée ancienne et largement diffusée. Ce n’est pas de moi, alors je la passe à travers mon expérience et mes mots, et je l’agence à ma manière, mais beaucoup de gens vont dire en lisant mon texte « Bah oui, c’est des banalités ». Peut être alors que je le disais pour être clair, pour moi, et pour les hommes, qu’on homme le dise aussi ça, et parle de son chemin. C’est plus un texte personnel qu’on texte original. C’est sans doute pour ça que les fondatrices de La Déferlante ont voulu le publier, malgré son peu d’originalité. J’ai essayé de citer des féministes qui m’ont inspirées et qui comptent dans ma réflexion et j’en ai oublié plein. Mon deuxième texte pour la Déferlante s’intitule Pourquoi je n’aime pas les femmes. J’espère qu’il est mieux, j’ai l’impression qu’il est plus original en tout cas. Un truc c’est que je voudrais pas être vu comme un spécialiste de questions sexuelles, de la lutte contre le patriarcat, car en fait j’en profite de ce système, ce n’est pas ma lutte, je ne suis un spécialiste de rien, à part peut être de la contradiction. Là où je peux apporter des trucs c’est dans la reconstruction de la masculinité, peut être, dans le cassage des genres. Mon sujet, là où je suis dans le combat c’est la lutte contre l’oppression, contre les oppressions, pas celle-ci en particulier. Ne surtout pas être vu et considéré comme un spécialiste ici, car ce sont des femmes qui ont tout pensé et pensent tout. Moi je passe juste, je donne un vague coup de main, je suis subalterne et c’est un peu mon but (comme dans le cadre de la lutte contre l’exploitation animale). Là où je suis à ma place (quoi que hein cette place qui est mienne est dans le déplacement et l’échappée et le saut) c’est dans mes fictions et mes poésies, là où c’est moi. Mais je ne sais pas en fait, tout ça est tellement compliqué. Je suis un peu perdu, et perdu à plein de niveaux. En tout cas, je lis, j’écris, je dessine, et c’est ma manière de donner la main et de participer à chavirer le monde.
May 2, 2020
Sensitivity readers
Petit événement symbolique :
Un des prochains livres publié par Monstrograph aura été relu par des sensivity readers. C’est une idée de l’autrice (qui aborde des questions pour lesquelles elle n’est pas la première concernée), Lou Sarabadzic, et Coline et moi avons trouvé ça normal et important.
La presse française conservatrice a consacré des papiers au sujet des SR, criant à la censure, etc, alors même que la censure est le propre d’une société française qui invisibilise la parole des personnes qui prennent des coups. C’est cocasse de voir les pires réacs faire comme s’ils défendaient la liberté de création. Je regrette que la presse progressiste et critique n’ai pas répliqué.
Il faut défendre le choix de faire appel à des sensitivity readers. Je crois que de « grosses » maisons d’édition s’y mettent. Cool !
À celles et ceux qui seraient inquiet.es : Poétique réjouissante du lubrifiant est un des livres les plus libres et iconoclastes qu’il m’ait été donné de lire. Penser que la lecture et les conseils d’une personne concernée pourrait amoindrir la qualité d’une oeuvre, c’est vraiment ne rien connaître à la création.
Alors le dire : le problème ce n’est pas les sensitivity readers : ce sont des structures sociales oppressives qui favorisent uniquement la pensée et l’imaginaire des dominants.
Monstrograph est une maison d’édition qui a fait appel à des sensitivity readers, beaucoup n’ont pas demandé de rémunération mais nous sommes heureux d’en avoir payé un. C’est normal et cela nous semble juste.
Un texte éclairant et passionnant sur le sujet, par l’actrice Mrs Roots :